- Approche générale
En revenant sur cette œuvre, j’ai peu à peu compris que la force du « Made in France » ne tient pas uniquement à la technologie, au savoir-faire ou aux marques, mais qu’elle s’enracine dans une tradition humaniste transmise au fil des siècles. Une tradition portée par Hugo, Balzac, Voltaire, de ces écrivains qui ont éclairé l’humanité par la littérature. Si la société commerciale actuelle s’en écarte, alors la valeur du « Made in France » risque de se vider de sa substance et de perdre, tôt ou tard, de son influence dans le monde.
L’ambition de ce livre est d’esquisser une « Comédie humaine » de notre époque. Celle de Balzac se concentrait sur Paris, où convergeaient tant de destins venus de province. Le récit que je propose s’étend, lui, bien au-delà de la capitale : une intrigue principale traverse Rennes, Bordeaux, Strasbourg, Lyon et Paris, relie une multitude de personnages, puis laisse chacun raconter sa propre histoire. De cette manière se dessine un panorama de la France du début du XXIᵉ siècle. Le lecteur verra d’ailleurs, dans l’introduction de chaque tome sur ce site, que cette intrigue finit par rejoindre plus de soixante-dix villes françaises.
J’ai choisi d’utiliser mon parcours de jeunesse comme trame narrative, car seules les expériences vécues peuvent porter une émotion authentique. Mon parcours m’a mené à travers les vingt écoles d’ingénieurs en chimie de la Fédération Gay-Lussac, réparties sur toute la France. Cela m’a permis de rencontrer, dès mes années étudiantes, différentes villes, différentes familles et différentes couches de la société française. Ce vécu a fourni une base narrative naturelle, permettant à chaque ville et à chaque personnage d’entrer dans le récit de manière fluide.
Une histoire capable d’emporter son lecteur repose souvent sur des conflits, du suspense, des malentendus ou des dilemmes complexes. Sans cela, le récit devient plat et un simple enchaînement de faits, incapable de susciter l’attention que je souhaite offrir aux lecteurs chinois. Dans cette œuvre, l’auteur résout cette difficulté littéraire en introduisant « une rumeur » comme la variable nécessaire. Toutefois, la rumeur n’est pas l’intrigue principale. Elle constitue avant tout un élément déclencheur du récit. Elle agit comme un « fil invisible » qui relie naturellement tous les personnages. Imaginez un réseau tissé par vingt écoles à travers toute la France, où tout le monde a entendu parler d’une certaine « histoire qui circule » concernant le protagoniste. L’unique personne qui reste dans l’ignorance totale de la teneur exacte de cette rumeur est le protagoniste lui-même.
Cela crée un labyrinthe social immense et flou, qui couvre l’ensemble du pays, générant une forte tension et un suspense irrésistible. Le lecteur suit le protagoniste à travers les différentes villes de France, croisant des personnes de tous horizons, et tente de reconstituer le puzzle obscur pour lui seul à partir de fragments épars.
Dans la tradition littéraire française, la rumeur, l’on-dit et l’opinion publique ont toujours servi d’instruments majeurs pour décrire les structures sociales à grande échelle et pour propulser les récits complexes. Ce choix narratif exprime ma résonance avec Balzac, Proust, Flaubert, Zola, Maupassant, Camus et leur héritage littéraire. Grâce à cet élément déclencheur narratif qu’est « une rumeur », l’auteur bénéficie d’un contexte narratif riche en tension émotionnelle et en conflits. Cela lui permet de décrire plus aisément les pensées, les jugements et les choix de nombreuses personnes face à des situations complexes, ainsi que les différentes facettes de l’humanité. Après tout, si je réussis à décrire les multiples humanités qui composent la société française, j’aurai alors capturé l’âme de la France.
On peut même imaginer que ceux qui étaient les plus honnêtes, les plus exigeants moralement, qui faisaient autrefois profondément confiance au protagoniste, finissent par douter de lui, éprouver de la déception et le blâmer. Ils portaient eux aussi leur propre incompréhension et leur propre douleur. Leurs émotions et leurs réactions, mêlées à la perplexité et au sentiment d’injustice du protagoniste, forment ensemble une partie de ce labyrinthe construit par la jeunesse.
C’est une épopée empreinte de fatalité. C’est une fresque panoramique de la société française et de ses paysages urbains. C’est une quête de l’énigme dissimulée, une recherche de compréhension et d’intégration. C’est l’odyssée d’un enfant perdu cherchant le chemin du retour.
Écrire ce livre, c’est aussi vouloir rassembler tous les événements, tous les fragments et tous les personnages de l’époque. J’espère également que la diffusion de cette œuvre encouragera ceux qui étaient présents et qui ont entendu certains éléments, à me confier leur version, m’aidant ainsi à résoudre les énigmes de ma jeunesse que je n’avais pu percer.
Sur ce point, le lecteur lui-même devient un co-auteur de ce livre. Seule la participation, l’écho et le retour des lecteurs pourront rendre plus complète cette jeunesse enveloppée de brume.
*Ce récit s’inspire de faits réels, mais certains noms, lieux et détails ont été modifiés ou recomposés par souci de confidentialité.
- Titre alternatif du récit et structure de l’ouvrage:
Ce récit est également intitulé Ces temps de jeunesse. Il retrace les Sept ans de jeunesse de l’auteur, ce choix de titre visant également à établir un parallèle avec À la recherche du temps perdu de Proust.
- L’auteur est né le 22 février, tandis que la personne clé de ce livre est née le 7 juillet. Toute la trame du récit s’articule autour de ces deux chiffres, le deux et le sept.
- Le deux symbolise la symétrie du destin, l’alternance brutale entre chance et malchance, la dualité entre joie et tristesse, ainsi que la fracture et le lien entre richesse et pauvreté dans la société.Ce chiffre confère au récit une dimension de fatalité.
- Le sept, quant à lui, représente les cycles, la plénitude, la famille et la terre natale, mais aussi le retour perpétuel et les bouleversements qui surviennent après chaque cycle accompli.Il porte une véritable odyssée du retour, comme un appel profond vers l’origine.
- Au dernier tome, mes 27 ans marquent aussi ma septième année en France, et les personnes ainsi que les événements de mes six premières années réapparaissent autour de moi dans un ordre symétrique. En tant que récit, ce n’est pas une construction littéraire : c’est une coïncidence de destinée, révélée naturellement au fil de la vie.
- Ce récit mémoriel s’achève à la date du 21/02/2012, la veille de mon anniversaire de 28 ans, une frontière symbolique entre la jeunesse et l’entrée définitive dans l’âge adulte. Ce site propose la traduction du dernier chapitre de l’ouvrage, où la jeunesse et l’entrée dans le monde adulte forment une nouvelle symétrie propre au récit.