2.1.22
Notre voiture avançait seule sur une interminable route forestière, nous explorant chaque recoin sans but précis, essayant de trouver quelque chose en rapport avec les mots “printemps, été, automne, hiver”. Parfois, nous croisions les voitures d’autres camarades de classe, mais tout le monde avait l’air complètement perdu. Après avoir tourné dans une direction aléatoire, nous nous sommes retrouvés sur une route nationale avec un panneau indiquant que cette route menait à Paris.
« Et si le deuxième lieu qu’on cherche était Paris ? » dis-je en riant, un peu désespéré. Sébastien, visiblement inquiet, répondit : « J’espère que non. Je viens juste de quitter Paris il y a quelques jours, ce n’est pas encore le moment d’y retourner. Je pense qu’on devrait faire demi-tour. » Romain tourna alors la voiture pour quitter la route nationale.
C’est alors que Jérôme remarqua un panneau de signalisation bancal sur le bord de la route. Il cria : « Arrête-toi ! Arrête-toi ! » Il descendit de la voiture avec Sébastien et moi, puis, en désignant le panneau, demanda : « Vous pensez que ça peut rentrer dans la voiture de Romain ? » Sébastien, intrigué, répondit : « Tu veux faire quoi avec ça ? » Jérôme cligna des yeux avec un sourire mystérieux et dit : « L’objet hors du commun. » Sébastien et moi comprîmes immédiatement, et nous nous mîmes à trois pour arracher le panneau de signalisation et le jeter dans la voiture de Romain.
Le poteau du panneau traversait l’habitacle, bloquant le levier de vitesse, et la grande plaque à l’arrière empêchait Sébastien et moi de bouger la tête. De plus, le coffre ne pouvait plus se fermer. Malgré tout, Jérôme insista pour le garder, affirmant que, précisément à cause de sa difficulté à être transporté, cet objet serait le plus extraordinaire.
Lorsque nous sommes remontés dans la voiture, nous avons remarqué que Romain semblait pensif. « Vous avez vu sur la route nationale ? Il y a des voitures avec des plaques parisiennes partout, » nous dit-il. Sébastien répondit : « Demain, c’est lundi. Beaucoup de Parisiens rentrent chez eux pour travailler. » Romain acquiesça : « Oui, même pour un week-end, les Parisiens viennent à Bordeaux. Bordeaux est l’une des destinations de vacances les plus prisées en France. De nombreux Parisiens possèdent une résidence secondaire ici. Quand j’étais petit, j’avais entendu parler d’un endroit appelé Ville d’Hiver, situé dans la forêt de pins derrière la côte d’Argent, à Arcachon, juste à côté de l’océan Atlantique. Ce lieu, connu pour ses paysages parmi les plus beaux de France, est entièrement possédé par des millionnaires. »
Les yeux de Jérôme s’illuminèrent immédiatement : « Ça y est ! Je connais cette histoire : tout le bassin d’Arcachon est divisé en quatre quartiers appelés Ville de Printemps, Ville d’Été, Ville d’Automne et Ville d’Hiver ! Là-bas, on peut entendre des phrases comme : Le bus numéro 1 vous emmène au printemps ou Tournez à gauche et vous arriverez à l’été. Ce ne sont pas des poèmes, mais des indications très concrètes pour se repérer ! »
Sébastien, enthousiaste, ajouta : « Vous avez raison. Au centre du bassin d’Arcachon, il y a un grand banc de boue appelé l’île aux Oiseaux. Il n’est visible qu’à marée basse, mais disparaît sous l’eau à marée haute. Sur cette île, il y a deux cabanes en bois sur pilotis, accessibles uniquement lorsque la marée est à son niveau le plus haut ; sinon, les bateaux s’enlisent dans la boue. Ces cabanes sont visibles depuis les plages d’Arcachon et sont l’une des attractions les plus célèbres de la région Aquitaine. Lors de la rentrée, l’école nous avait donné des brochures touristiques qui en parlaient en détail. De Sauternes à Arcachon, il faut traverser la forêt des Landes. Printemps, été, automne, hiver, une abondance d’oiseaux – la réponse est Arcachon ! »
Nous étions ravis et avons changé de direction pour nous diriger vers Arcachon.
2.1.23
Les membres du bureau des étudiants nous attendaient à la gare d’Arcachon. Sur la place de la gare, des camarades de classe arrivaient sans cesse en voiture. Presque tout le monde avait trouvé l’endroit au même moment. Les membres du bureau des étudiants regardèrent, stupéfaits, le panneau de signalisation dans la voiture de Romain, mais ne dirent rien et nous donnèrent silencieusement la troisième énigme. Elle disait : “Or et jade, mer et ciel ne font qu’un.” Dans l’explication, il était écrit : “J’ai extrait le cœur des quatre saisons pour t’accomplir.” Tout le monde rit et s’exclama : « Cette énigme est facile, facile. La réponse, c’est Pyla! »
Nous remontâmes tous dans nos voitures en direction de Pyla, et la route était envahie par les voitures de nos camarades. Le chemin serpentait à travers la forêt de pins, montant et descendant sans cesse. De petites maisons en briques et en pierre, charmantes et élégantes, bordaient la route, entourées de fleurs aux couleurs vives et éclatantes. Parfois, en montant, nous pouvions apercevoir sur notre droite la mer d’un bleu profond. Une plage de sable blanc et fin s’étendait jusqu’au cœur de la forêt de pins. Pas étonnant que cette région soit appelée la Côte d’Argent.
Après une demi-heure de route, toutes les voitures s’arrêtèrent dans le même parking. Nous descendîmes des véhicules et suivîmes un sentier de plage qui s’enfonçait dans la forêt de pins. Plus nous avancions, plus le sable devenait mou, et il était difficile de retirer nos pieds une fois enfoncés. Cependant, personne ne voulait enlever ses chaussures et marcher pieds nus, car le sol était couvert d’aiguilles de pin qui auraient été très douloureuses.
Après une dizaine de minutes de marche, je vis soudain une immense muraille de sable surgir au bout de la forêt, telle une montagne bloquant notre chemin. Arrivés au pied de cette dune, nous découvrîmes un escalier en plastique blanc installé sur sa surface, menant au sommet de cette dune gigantesque, plus haute que le ciel. Les pins maritimes, pourtant des arbres très hauts, équivalents à un immeuble de 15 étages, étaient enfouis sous la dune, qui les surpassait de trois fois leur hauteur. La dune semblait déferler sur la forêt comme une vague immense, ensevelissant les pins les plus proches.
Tous les camarades retirèrent leurs chaussures et chaussettes pour monter l’escalier blanc en direction du sommet de la dune. Cet escalier et la dune étaient extrêmement raides. Il fallut plus de dix minutes d’efforts pour gravir l’escalier depuis sa base jusqu’à son sommet.
2.1.24
Lorsque j’atteignis le sommet, une vaste étendue de mer bleue se déploya devant mes yeux. La ligne de côte semblait très éloignée du sommet de la dune, dont le versant faisant face à l’océan descendait doucement. Les touristes sur la plage, vus du sommet, ressemblaient à des fourmis. Plus loin, au milieu de l’océan, on pouvait distinguer une grande île de sable. De nombreux voiliers et yachts étaient amarrés près de cette île, et des visiteurs y déambulaient.
La dune se terminait à droite, non loin, où un petit village se trouvait niché dans la forêt de pins. En regardant à gauche, un océan de sable blanc s’étendait sans fin le long de la côte, tandis que les cimes des pins de la forêt des Landes, semblables à une mer verte se prolongeant jusqu’à l’horizon, semblaient s’incliner au pied de cette immense dune. Sous la lumière éclatante du soleil, la dune scintillait d’un éclat doré.
En me retournant à gauche, le paysage entier semblait se résumer à quatre couleurs : l’or des dunes infinies devant moi, le vert ondoyant des pins de la forêt des Landes à mes pieds, le bleu paisible de l’océan Atlantique à droite, et tout cela surmonté d’un ciel bleu sans le moindre nuage. C’était véritablement “or et jade, mer et ciel ne font qu’un”. Quand le vent soufflait fort, d’innombrables grains de sable léger s’envolaient depuis la crête de la dune, se dispersant au-dessus de l’immense forêt des Landes. Une telle splendeur, un tel sentiment de grandeur, étaient impossibles à décrire pleinement avec des mots.
Romain m’expliqua que le village niché dans la forêt de pins s’appelait le village de Pyla. Ce lieu marquait l’embouchure du bassin d’Arcachon. Les sédiments charriés par le bassin se déposaient dans l’océan, formant l’île de sable. Les vents d’ouest transportaient ce sable vers l’intérieur des terres, où il était stoppé par la forêt des Landes, s’accumulant ainsi pour créer la dune du Pilat, une dune de 110 mètres de haut, 500 mètres de large, et 3 kilomètres de long. C’est la seule dune de sable en France, et la plus haute d’Europe.
De nombreux camarades s’amusaient dans tous les recoins de la dune et de l’océan. Pendant ce temps, le bureau des étudiants organisait l’élection de l’objet “hors du commun” au pied de la dune. Notre panneau de signalisation ne fut pas retenu. Furieux, Jérôme traîna le panneau jusqu’au sommet de la dune et l’y planta, comme s’il proclamait sa souveraineté sur la dune.