- Présentation générale du contenu:
Ce tome relate mon stage d’ingénieur avant la dernière année de diplôme, effectué à Lyon entre juillet et décembre 2008. Pour la première fois, mes camarades de promotion et moi avons complètement quitté le cadre scolaire pour vivre une véritable expérience en entreprise. Cette brève période fut marquée par une transformation radicale de notre identité sociale. Ce fut une phase de croissance cruciale, marquée par un mélange de curiosité, de désarroi, de maladresse face au monde adulte, mais aussi par nos efforts sincères pour nous adapter à un nouveau rôle dans la société. C’est une époque d’incertitude, où l’on sent l’esprit pur de la jeunesse s’estomper peu à peu, et où l’avenir semble à la fois ouvert et insaisissable. Loin des campus et des résidences étudiantes, nous avons véritablement habité et appréhendé la vie sociale. Nous avons commencé à nouer des liens avec le monde extérieur, et j’ai vécu dans un château appartenant à une famille française d’une grande noblesse d’esprit. Lyon, ville historique, capitale mondiale de la gastronomie et important centre religieux français, a servi de cadre à cette transformation.
- Couleur thématique et origine du nom
La couleur thématique de ce tome est la couleur lavande. C’est une teinte sacrée, noble et pure, souvent associée au ciel, à la spiritualité, à l’idée du paradis. Elle représente le dernier écho de l’idéalisme propre à la jeunesse. Son nom, La Lavande, est directement inspiré du passage suivant, extrait du chapitre 2, intitulé Père Gilles de Fourvière :
Depuis les balustrades romaines en pierre qui bordent la place, toute la ville de Lyon s’étend à mes pieds. Je peux voir l’alignement parfait de ses façades blanches et l’éclat de ses toits rose, parsemés de hautes cheminées élancées, conférant à la ville une atmosphère vivante et chaleureuse. La Saône, d’un vert profond, serpente telle une ceinture de jade, reliant le Vieux Lyon et la presqu’île par ses ponts gracieux.
Sur la vaste place Bellecour nappée de terre rouge, les hommes ne paraissent pas plus grands que des grains de sésame. Derrière la presqu’île, le Rhône se devine à travers la cime des arbres qui bordent ses rives, et le boulevard qui passe devant chez moi s’enfonce droit vers le cœur de Lyon.
Le quartier moderne de Part-Dieu forme un immense bloc massif, dominé en son centre par une tour imposante et ronde, coiffée d’un sommet pyramidal de verre : la Tour Crayon. Plus loin encore, la ville s’efface peu à peu, cédant place aux montagnes bleu-vertes et aux nuages d’une blancheur neigeuse.
Le jour déclinait déjà. Depuis la place orientée vers l’est, à l’extrême horizon, au-delà des nuages baignés de lumière, la chaîne des Alpes se dévoilait dans la clarté rasante du soleil couchant, flottant au-dessus de la ville comme une vision d’un autre monde. La ville en contrebas s’enfonçait peu à peu dans l’ombre bleutée du crépuscule, tandis que les cimes enneigées brillaient avec encore plus d’éclat, drapées d’un voile lavande et doré, baignant dans une lueur céleste. Au centre, un sommet massif et carré, tel un lion baissant la tête, épaules tendues, semblait prêt à bondir, dévorant l’horizon de sa majesté souveraine.
Même après tant d’années, lorsque je repense à ma quatrième année en France, cette teinte lavande, celle des montagnes sacrées, me revient toujours en mémoire. Elle était noble et austère, pure et inaltérable, pareille à une rédemption descendue du ciel, contemplant en silence ce monde dans ses joies et ses épreuves. Mais elle demeure sur l’autre rive fleurie où reposent les âmes bienheureuses. Finalement, elle n’est qu’un mirage fragile, semble à portée de main, pourtant à jamais inatteignable.
-Ce passage est extrait du tome 3, chapitre 2, intitulé Père Gilles de Fourvière